Récemment nommé à la tète de l’importante Direction Nationale des Forêts et de la Faune, M. FOFANA entend apporter des reformes et des ambitions à cette importante direction dans la préservation de notre biodiversité, à la fois riche mais aujourd’hui menacée par les actions anthropiques de l’homme.
De ses ambitions à son engagement dans ce sens, en passant par le niveau d’avancement des préparatifs de la célébration de la journée mondiale de l’environnement le 05 juin prochain, ainsi que des grands chantiers de « la campagne de reboisement 2022 », rien a été occultés dans cet entretien qu’il a bien voulu accordé à votre radio web www.radioenvironementguinee.org.
M.FOFANA vous venez de bénéficier de la confiance du premier magistrat du Pays, le Président Colonel Mamadi DOUMBOUYA sur proposition de la Ministre de l’Environnement et du Développement Durable Mme Loupou LAMAH, qu’est-ce que cela représente pour vous en termes de responsabilité et de confiance ?
C’est avec honneur et joie que j’ai accueilli ma nomination comme Directeur National des Forêts et de la Faune. Il s’agit comme vous le savez d’un poste stratégique au sein du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable. L’occasion est donc opportune pour moi, d’exprimer mes sincères remerciements à Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, Chef Suprême des Armées, le Colonel Mamadi Doumbouya, et à son Premier Ministre Mohamed Beavogui pour m’avoir nommé parmi tant d’autres cadres. Mes remerciements vont également à Madame la Ministre Loupou LAMAH, qui n’a pas hésité un seul instant à me proposer à cet important poste de l’Administration Guinéenne A elle, je dois gratitude et considération, pour la confiance placée en ma modeste personne.
Dites-nous M. le Directeur National quelles sont vos priorités ? À quel changement peut-on s’attendre avec votre arrivée à la tète de cette direction ?
Au niveau de cette Direction, les priorités sont énormes. Il y a entre autres : Le renforcement des capacités institutionnelles et techniques de nos jeunes cadres et agents. Certains ont suivi la formation commune de base, mais n’ont pas suivi une formation forestière appropriée et cela est très importante. Il faut les former dans ce domaine, pour qu’ils puissent efficacement et correctement travailler, maitriser les textes de lois dans le domaine et les appliquer sur le terrain. Une bonne application des accords et conventions aux quels la Guinée est partie dont (la Convention Cadre des Nations sur les Changements Climatiques, la Convention sur la Biodiversité et la Convention sur la Lutte contre la Désertification et la Sécheresse, ou encore la convention internationale sur les zones humides RAMSAR. Au niveau national il y’a des textes de lois à maitriser pour de meilleurs résultats, justement sur le terrain. Il s’agit du code de l’environnement révisé de 2019, le code forestier, le code de l’eau entre autres.
Nous avons une riche et belle biodiversité, mais qui est aujourd’hui menacée par les actions anthropiques de l’homme, comme la déforestation abusive, les feux de brousse, le braconnage, la menace sur les espèces protégées par la convention de la CITES, qu’est-ce qui est prévu dans le cadre de la protection des espèces fauniques et floristiques du pays ?
C’est effectif ce que vous dites, nous avons une biodiversité riche mais menacée aujourd’hui, il faut avoir le courage de le dire. Donc, les enjeux de conservation, de protection des forêts qui sont agressées par plusieurs acteurs, sont au cœur de nos priorités. Il s’agit de l’exploitation des produits ligneux et non ligneux, l’exploitation minière industrielle et artisanale, l’agriculture itinérante, les feux de brousse, la fabrication des fours à briques. Autant de pratiques qui détruisent inexorablement le couvert végétal. La problématique de l’exploitation du bois pour la consommation locale. Il faut organiser l’activité avec le maximum de contrôle et la maitrise de toute la chaine de traçabilité des produits depuis la souche jusqu’aux dépôts et surtout le volume à exploiter par préfecture. Nous accordons également une place importante à la lutte contre le changement climatique qui sévit dans le monde et notre pays ne fait pas exception. Ainsi la poursuite de l’exécution des projets et programmes d’adaptation et d’atténuation vont se poursuivre avec l’appui de l’Etat Guinéen et de nos partenaires nationaux et internationaux.
M. le Directeur National, la journée mondiale de l’environnement approche, cette année sous quel signe sera-t-elle célébrée ?
Le reboisement est une activité qui est prescrite dans l’agenda de mise en œuvre des plans et projets de développement forestier. Il est défini en fonction des objectifs, qu’il s’agisse des objectifs de production, de protection, d’hygiène ou de récréation. Parlant de reboisement, faut-il rappeler que dans le cadre des activités de restauration du couvert forestier national, la Guinée a depuis 2003, institué le mois de juillet de chaque année comme « MOIS DE LA FORET GUINEENNE ». Un mois consacré exclusivement aux activités de reboisement. Aujourd’hui, nous sommes dans la dynamique de préparation de la campagne de reboisement 2022. Nos structures déconcentrées sont suffisamment informées. Nous allons surtout travailler avec les ONG environnementalistes qui ont beaucoup d’expériences en matière de reboisement. Beaucoup ont fait leur preuve sur le terrain, des contrats sont minutieusement élaborés dans cette optique. Nous sommes entrain présentement d’identifier les sites. Je précise que le reboisement sera beaucoup effectif au niveau des berges des cours d’eau, qui abritent les grands barrages hydroélectriques, à l’image de garafiri, souapiti, amaria, et plus, les têtes de sources d’eau, les écosystèmes fragiles.
Pour terminer cet entretien, quels sont les messages que vous souhaitez passer en direction des populations qui sont les acteurs et bénéficiaires de la préservation de nos écosystèmes ainsi que des médias que nous sommes.
Un message fort que je souhaite adresser à nos populations, Il s’agit de protéger, de conserver nos ressources en biodiversité. Notre pays occupe une position stratégique en la matière. Nous abritons les sources de plusieurs grands fleuves africains à l’image du sénégal, du fleuve gambie et du fleuve niger qui arrose à lui seul, une dizaine de pays avant de se jeter dans l’océan atlantique. Nous disposons également de 1165 cours d’eau, 24 bassins versants, et 14 internationaux selon des statistiques, cependant non actualisées. Le patrimoine forestier guinéen est dense avec plus de 170 forêts classées, la plus grande réserve de chimpanzés en Afrique de l’Ouest, et la liste est longue. Vous voyez donc, que notre responsabilité est grande et déterminante, non seulement pour nous, mais aussi pour la sous-région ouest-africaine.
S’agissant des médias, nous allons travailler avec vous, car la communication est aujourd’hui incontournable dans tout ce que nous faisons. Dns cette perspective, le renforcement du dispositif de communication auprès des communautés riveraines aux massifs forestiers est prévu. Nous allons également concevoir et diffuser des messages de sensibilisation à l’échelle nationale à l’intention de tous les acteurs concernés par la protection de notre environnement. Les populations riveraines seront au centre de nos discussions, de nos échanges, il reste ainsi entendu que la contribution des ressources forestières à l’effort de développement national doit s’accentuer et que nos populations doivent être impliquées dans le processus de gestion durable, tant pour les générations présentes que futures.

Entretien réalisé par Idi CA pour Radio Environnement Guinée.

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