Chaque année des centaines de jeunes migrants irréguliers guinéens sont rapatriés par l’OIM. Des jeunes qui peuvent bien vivre leur rêve sur leur terroir avec détermination et un bon coach. C’est le cas de Mamadou Maladho Diallo entrepreneur agricole modèle après l’Université s’est tourné vers la terre. Sa décision d’alors, ne faisait pas l’unanimité au sein de sa famille,aujourd’hui, sa coopérative agropastorale fait la production (animale et végétale), la commercialisation des produits agricoles ainsi que la réinsertion sociale des migrants retournés. Ces derniers sont formés par des ingénieurs sur les techniques et méthodes pour exploiter la terre. Une activité qui leur permet de tourner la page et oublier les violences auxquelles qu’ils ont été confronté. Maladho Diallo contribue aussi au changement de comportement des jeunes, en les incitants à faire de l’agriculture.
Après les études universitaires, le rêve Boye Mombéya bah était d’aller en France. Espérant se retrouver dans un ou deux ans dans son pays de rêve, il avait économisé 65. 000.000 GNF (soixante-cinq millions de Francs Guinéens) qu’il a obtenu à travers des activités qu’il faisait depuis le lycée. Dans ses démarches, Boye Mombéya rencontre en 2016 Mamadou Maladho Diallo entrepreneur d’une coopérative agro-pastorale, pour l’aider à partir. Ce dernier lui fait comprendre qu’il peut investir et réussir en Guinée. Maladho lui présente des projets et lui fait visiter sa zone de production végétale et animale à Bawa dans la préfecture de Dubréka située à une soixantaine de kilomètre de Conakry.
Boye Mambéya est attiré par le projet agricole. Il investi une partie de son capital pour devenir actionnaire dans la coopérative. Actuellement il est chef comptable de la structure. « J’ai analysé la grandeur du projet agricole que j’ai bien aimé. Je me suis dit même si je dois migrer, pour le moment je me focalise sur ça. C’est ainsi que j’ai investi dans la coopérative et aujourd’hui je suis non seulement membre mais aussi chef comptable de la structure depuis un an. Plusieurs activités ont été une réussite comme la mise en place des pépinières, le plan niveau agricole, les formations etc… Dans toute chose y a des hauts et des et bas. Les échecs doivent servir d’expérience à capitaliser en vous donnant les moyens de les réaliser. Je me rappelle, Maladho me disait ne vois pas le présent, regarde le futur. Peu importe le temps que ça te prendra pour mettre en place n’importe quel projet, bat toi pour le faire. Le jour où ça va réussir tu vas oublier tout le mal tu as connu ». Aujourd’hui, Boye Mambéya invite les jeunes à voir positivement les choses pour pouvoir investir et réussir. Il déplore le fait de quitter son pays pour être employé dans une plantation alors qu’on pouvait soi-même mettre en place une plantation chez soi avec l’argent financé pour le voyage. Il estime que le manque d’emploi et le maigre salaire des travailleurs n’est pas une raison valable pour quitter son pays.
A l’instar de Boye Mambéya, plus de mille jeunes ont été reçu par Mamadou Maladho Diallo de 2016 à 2019. Ceux qui voulaient entreprendre dans le secteur agricole ont été assistés sur le plan technique, l’accès au foncier et la vente des produits agricoles à travers leurs partenaires notamment des hôtels de Conakry. Après ses études à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, Maladho Diallo choisi de travailler la terre en 2011 à cause d’un simple constat, la rareté de la pastèque en Janvier et Février à Conakry nous a-t-il raconté. Appuyé par un ingénieur agronome et avec moins de trois millions de francs guinéens en poche, Il débute la production sur une superficie d’un hectare, ensuite deux hectares puis quatre hectares. En 2016 avec les succès enregistré, Maladho a créé une coopérative agro pastorale appelée « partenariat jeune pour le développement durable » PJDD avec un projet intitulé Espoir Jeune. Cette coopérative de seize personnes comprend des diplômés, des fonctionnaires et des hommes de métiers. Certains s’occupent de la production et d’autres des finances explique Maladho : « Actuellement nous sommes sur un domaine de soixante-cinq hectares où nous produisons des noix d’acajou, des produits maraîchers comme le gombo, le piment, les aubergines et la pastèque. La culture du riz se fait à Magnagoun et dans le bafond de kholéya pour le riz de mangrove. Nous ne sommes pas propriétaires terriens, nous négocions avec les coutumiers. Au niveau de la production animale, nous avons la volaille et des petits ruminants ».
Mamadou Maladho Diallo compte plus tard intégrer des BTS agricoles dans son centre de formation qui sert actuellement de bureau et de logement, si toute fois il s’entend avec le département de l’enseignement supérieur nous a-t-il confié.
Grace au partenariat signé avec l’Organisation Internationale pour la migration (OIM), la coopérative PJDD, s’occupe aussi de la réinsertion sociale des jeunes migrants. Sur les lieux, nous avons trouvé deux groupements. L’un porte un projet agricole et l’autre de ferme avicole. Ces jeunes migrants sont à leur troisième mois à Bawa pour un accompagnement d’un an. Chaque groupement à un compte bancaire alimenté par l’OIM pour leur permettre de mener à bien leurs activités. En terme d’avancée des travaux, Aboubacar Sidiki Sanoh chargé de gérer la page Facebook du groupement Guinée maraichère est satisfait : « Ça évolue vraiment bien, à notre arrivée le partenaire a envoyé un tracteur pour labourer. La canalisation est faite, présentement on fait le rouissage et paquetage. On m’a montré beaucoup de projets à OIM mais moi j’ai choisi l’agriculture parce que c’est rentable. Si ce n’est pas par la voie légale je déconseille toute personne de tenter l’aventure».
Outre l’OIM, l’État de son côté œuvre pour aider les jeunes. L’Agence guinéenne pour la promotion de l’emploi des jeunes dispose d’une équipe technique d’experts dans les domaines de l’assistance, du conseil, de la formation, du suivi et du coaching. Des projets en cours incluent entre autre celui du BOCEJ « Booster les compétences pour l’employabilité des jeunes » validé en septembre 2014 par le Conseil d’administration de la Banque Mondiale avec un montant global de 20 millions de dollars pour la période 2015-2020. Ce projet vise à améliorer la qualité de la formation et de son adéquation aux besoins du marché de l’emploi cela en augmentant les taux d’emploi parmi les diplômés et en améliorant la gouvernance de la formation axée sur les compétences à travers trois composantes : le Fonds compétitif pour les compétences et l’employabilité (FCCE) ; le Programme de l’Éducation à l’Emploi (E2E) et le Projet d’Appui à la Transformation Agricole Guinéenne (PATAG – EAJ).
Maimouna BANGOURA