La gestion des déchets à Conakry constitue un véritable problème. Que ce soit pour les communautés, les autorités, les acteurs impliqués ou la société civile, le débat se pose non seulement quant aux responsabilités, mais également sur les bonnes pratiques à adopter pour réussir cette gestion en alliant santé et sécurité. Pour en parler davantage, nous avons donc rencontré Thierno Ibrahima Diallo, responsable du département déchets solides de la société LVG Smart, et gestionnaire de la ZTT (Zone de transit et de tri) de Yattaya Fossidet en haute banlieue de Conakry.
Radioenvironnementguinee : Décrivez nous le process que nos ordures suivent depuis nos ménages jusqu’à cette ZTT.
Nous gérons ici la ZTT. Nous recevons les ordures, mais il y’a des PME qui ont bénéficié des contrats de concession de la part de la commune. Ils partent dans les ménages pour recueillir les déchets afin de les envoyer ici. Et dès que ces déchets arrivent ici, il y’a un opérateur qui est chargé de l’enlèvement des bacs. Il vient à son tour pour enlever les bacs et les transférer à la décharge principale.
Cette opération d’enlèvement des déchets se fait à quelle fréquence ?
Ici, ça dépend surtout de la disponibilité de l’opérateur. Nous recevons parfois deux bacs par jour. Parfois, nous pouvons aller jusqu’à cinq bacs. Mais actuellement, vu la disponibilité de l’opérateur, nous recevons au moins 4 bacs par jour. Les déchets sont retirés et transportés à la décharge au fur et à mesure que nous les recevons.
Quels sont les méthodes et moyens que vous employez pour la collecte, le transport et le traitement des déchets ?
Nous avons des équipes ici, des opérateurs qui sont chargés de la récupération des valorisables. Ici, quand les PME envoient les déchets, ces équipes là récupèrent ces valorisables (plastique, fer, chaussure…) qu’on stocke. Il y’a aussi des intermédiaires qui viennent les récupérer avec nous. C’est le reste des déchets qui est transféré au niveau de la décharge de la minière.
Pendant tout le processus, quelle protection est mise à disposition de vos travailleurs ?
En termes de santé sécurité, nous y veillons. A notre arrivée ici, franchement les gens ne se protégeaient pas. Nous avons jugé à ce que les PME soient équipés. Et lorsque les éboueurs viennent, nous exigeons les chemises en manche longue, les casques, les masques, les bottes, etc. Au sein de la ZTT, nous payons des EPI (équipement de protection individuelle). Ils ont des casques, des gants, des masques pour assurer leur sécurité.
Est-ce qu’à vos débuts, vous avez été confronté à des problèmes de protection et de santé ?
Oui, au début nous avions des difficultés parce que ces gens-là n’avaient pas la culture de porter des EPI. Au fur et à mesure, avec les sensibilisations et avec nos exigences ici au sein du site, ça va maintenant. Ils le portent régulièrement.
Est-ce que vous avez déjà été confronté à des cas de maladies du personnel d’ici ou d’entreprises avec lesquelles vous collaborez, parce qu’ils ont été longtemps exposé aux déchets sans précaution ?
Oui, au départ nous avions ces cas pareils et nous continuons à avoir ces cas similaires, mais les fréquences sont plus faibles, car les gens ont commencé à comprendre. Actuellement, ces cas sont minimes. Chez nous, nous accordons l’assurance sanitaire à nos employés. Nous envoyons régulièrement ici un médecin pour que ces gens-là prennent des injections.
Que sollicitez-vous pour une meilleure gestion des déchets qui prend en compte votre santé et un environnement plus propre ?
Nous sollicitons dans l’assainissement l’implication de tous. C’est une chaine ou chaque élément doit jouer son rôle, du ménage à la PME, la zone de transit, jusqu’au niveau de la décharge. Nous sollicitons aussi l’accompagnement des autorités. Ils fournissent certes des efforts avec leurs partenaires, mais nous sollicitons plus d’accompagnement.
Que proposez-vous aux autorités pour pouvoir améliorer la gestion des déchets et rendre votre zone plus propre ?
Il faut qu’on cherche à faire fonctionner le mécanisme qui est déjà là. Ce mécanisme, c’est celui de la chaine de valeur, du ménage jusqu’au transfert des déchets. Il faut passer par de l’éducation environnementale. On parle d’ailleurs de tri à la base. Là, il s’agit d’éduquer le ménage à comment séparer les déchets, les classifier et comment gérer la poubelle. Si chacun s’y met, nous verrons jusqu’où ça peut aller et comme ça, nous pourrons apporter d’autres solutions.
Propos recueillis par Elisabeth Zézé Guilavogui