“Après les grands discours et les quelques annonces notamment autour de la déforestation et de la lutte contre le méthane – qui ont ponctué le début de la COP26, les négociations rentrent désormais dans le dur. Mais elles risquent d’être particulièrement tendues alors que les pays les moins avancés estiment que les efforts ne sont pas au rendez-vous, notamment en ce qui concerne les 100 milliards de dollars qui devaient leur être versés chaque année à compter de 2020. Ils souhaitent aussi mettre sur la table la question des pertes et dommages.
Pour ceux qui ont des yeux pour voir, des oreilles pour écouter, et un cœur pour ressentir : pour survivre, nous avons besoin de limiter le réchauffement à +1,5°C. 2°C serait une condamnation à mort pour les populations d’Antigua et Barbuda, des Maldives, des Fidji, du Kenya ou du Mozambique, des Samoa et de la Barbade. Nous ne voulons pas de cette condamnation à mort et nous sommes venus ici pour dire ‘redoublez d’efforts, redoublez d’efforts’ car nous voulons exister dans cent ans”. Ce discours, l’un des plus marquants de la cérémonie d’ouverture de la COP26, a été lancé à la tribune par la Première ministre de la Barbade Mia Mottley, lundi 1er novembre.

Trois jours plus tard, et après que plus de 120 dirigeants ont défilé à Glasgow pour le sommet des chefs d’État, force est de constater que les efforts déployés ne sont pas à la hauteur des enjeux. “L’absence de progrès à la COP26 est effrayante”, a indiqué lors d’une conférence de presse Sonam Phuntsho Wangdi du Bhoutan. “Nos vies dépendent des engagements que les pays prennent ici et des politiques que les gens adoptent ici.” Il appelle les pays développés à “cesser de se soustraire à la responsabilité” et à mettre plus d’argent à la disposition des pays qui souffrent déjà des effets du changement climatique.

“Le sujet pollue les négociations”
Le financement est le nerf de la guerre et source de tensions entre les pays du Nord et les pays du Sud. “Ce sujet pollue l’ensemble des négociations sur les questions climatiques”, reconnaît Stéphane Crouzat, l’ambassadeur français chargé des négociations climatiques. Les pays en développement demandent que soit enfin tenue la promesse vieille d’une décennie d’un financement de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 de la part des pays développés. Or, cette promesse ne devrait être tenue qu’en 2023, selon un rapport publié en amont de la COP26. “En 2022 au mieux si on prend en compte les nouveaux engouements” a estimé cette semaine John Kerry, l’envoyé américain pour le climat.

“C’est un terrible coup pour le monde en développement”, a dénoncé Walton Webson, qui préside l’alliance des petits Etats insulaires (AOSIS). “La finance climat n’est pas de la charité. C’est une question de justice”, a-t-il insisté. “Ce retard est décevant, compte tenu de l’urgence de la crise climatique et des besoins de nos pays. Pour bénéficier à nos pays, le financement climatique doit être accessible, octroyé sous forme de subventions (alors qu’il est aujourd’hui majoritairement versé sous la forme de prêts, NDR), et une proportion bien plus importante de celui-ci doit être consacrée aux actions d’adaptation” a rappelé Sonam Phuntsho Wangdi.

“Les pertes et dommages sont une caractéristique permanente de nos vies”
Un nouvel objectif financier mondial pour remplacer l’objectif de 100 milliards de dollars à partir de 2025 devra être négocié à la COP26. Mais les pays les plus vulnérables souhaitent aussi mettre à la table des négociations le sujet des pertes et dommages, des financements additionnels versés en cas de catastrophe, au point mort depuis huit ans. Ils voudraient en faire un point permanent à l’ordre du jour des pourparlers de l’ONU et un flux de financements séparé. Les besoins sont estimés entre 290 et 580 milliards de dollars d’ici 2030 pour les seuls pays en développement.

“Pour nous à Kiribati, les pertes et les dommages causés par le changement climatique sont désormais une caractéristique permanente de nos vies. Ce n’est pas un événement ou un désastre ponctuel. Il est temps que les pourparlers de l’ONU sur le climat, à commencer par la COP26, s’engagent à remédier aux pertes et dommages et à fournir des financements pour cela. Pas seulement des discussions, mais des engagements concrets contraignants qui vont au-delà des rapports techniques et des sites Web et aident réellement à reconstruire des vies et des moyens de subsistance”, conclut Pelenise Alofa, Coordinatrice nationale du Climate Action Network Kiribati”.

Source : Concepcion Alvarez @conce1

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