Parvenir à une gestion rationnelle et durable du foncier en Guinée, telle est l’ambition de la plate forme multi-acteurs mise en place avec l’appui de ACORD Guinée, Association de Coopération et de Recherches pour le Développement et ses partenaires comme la FAO, l’Agence Française de développement et la Coopération allemande. Une centaine de participants venus des départements de l’Agriculture, de l’Environnement, de l’Aménagement de la ville, mais également de la société civile et du milieu universitaire étaient présents.
Prenant la parole, le Directeur Pays de ACORD, Macky BAH dira que « notre pays est confronté à de nombreux problèmes lies au foncier malgré les efforts fournis par l’Etat Guinéen et l´OMVS, les résultats enregistrés ne sont pas encore à la hauteur des attentes. Dans cette zone du bassin du fleuve Sénégal (Moyenne Guinée), vitale pour la sécurité alimentaire du pays, la dégradation des espaces ligneux (forêts classées, notamment), la dégradation de l’environnement à travers la coupe abusive du bois, les cultures itinérantes sur brûlis, la surexploitation des mares et autres plans d’eau constituent des défis majeurs aujourd’hui pour la survie des populations. Face à ces défis, le Gouvernement Guinéen a engagé, depuis 2013, avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers, un processus de réforme foncière transparent, inclusif et participatif en vue de mieux adapter ses instruments juridiques dans une perspective de sécurité alimentaire viable et durable. A ce titre, dans ce processus réformateur, deux feuilles de route ont été parallèlement élaborées : (i) une étude issue de l’organisation des États Généraux sur le Foncier et de la réalisation du Cadre d’Analyse de la Gouvernance Foncière sous l’égide du Ministère de la Ville et de l’aménagement du territoire et (ii) une étude sur « la situation foncière dans le secteur agricole et en milieu rural».
Ainsi, l’objectif de cette rencontre selon Macky BAH, « vise à mener des réflexions sur les synergies à développer en vue d’une meilleure cohésion et coordination des activités et des politiques dans le cadre de la gouvernance foncière. Il s’agira également d’échanger sur le processus des réformes foncières engagées par le Gouvernement Guinéen en vue de réactualiser le plan d’actions élaboré en 2018 pour la dissémination et l’opérationnalisation des Directives volontaires au niveau national, dans les communes rurales (CR) et dans le bassin du fleuve Sénégal ».
M.BAH poursuit en rappelant que depuis 2017, de nombreuses actions entreprises ont permis jusque là « d’œuvrer vers une gouvernance responsable des régimes fonciers applicable aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale (Directives Volontaires) constituent un outil pertinent pour aborder les enjeux et les défis à relever au regard du développement durable et de la sécurité alimentaire, notamment en milieu rural : terroirs communautaires non délimitées et souvent mal cernées, surfaces agricoles utiles non exploitées, aménagements publics et privés non valorisés, espaces ligneux dégradés, zones de parcours des éleveurs transhumants non matérialisées, zones agricoles non délimitées, mares surexploitées, accès à la terre pour les couches sociales à statut précaires souvent peu ou pas assuré…. ». C’est pourquoi, un des défis de la plate forme, selon lui, sera de contribuer à résoudre ces questions notamment en milieu rural, où les problèmes fonciers sont plus pressants, à cause notamment du droit coutumier et des conflits liés à la terre, notamment l’accès difficile pour les femmes à ces terres.
Il est ensuite revenu à Mme Aissata YATTARA de la CNOPG, la confédération nationale des organisations paysannes, de se réjouir de la tenue de cette rencontre, qui, espère t’elle, permettra de prendre en compte les besoins réels des « petits producteurs » en milieu rural, confrontés à de nombreuses difficultés à l’image de l’accès aux terres, les moyens techniques et logistiques pour développer l’agriculture, pilier de tout développement durable.
Quant au Représentant du Représentant de la FAO, M. Mohamed Sankoumba FADIGA, ces initiatives s’inscrivent dans les priorités de son institution qui visent à contribuer à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté. Il s’agira, d’engager des actions en vue de réactualiser le plan d’action de la dite plate-forme, dans le cadre du projet régional qui vise à intégrer la République de Guinée dans un projet intitulé, « une gouvernance foncière améliorée pour une prospérité dans le cadre de l’OMVS, l’organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal… ».
Il a terminé son propos, en réitérant toute la disponibilité de son institution à poursuivre l’appui à ACORD GUINEE, pour une gestion durable des ressources naturelles en général et les questions agricoles et foncières en particulier, et à l’amélioration de la sécurité alimentaire en Guinée aux cotés de l’Etat Guinéen.
Présidant la cérémonie, le Secrétaire Général du Ministère de l’Agriculture, M. Famoi BEAVOGUI, soutiendra que « la question du foncier est une question à la fois complexe, délicate et sensible, qui ne saurait être résolue sans un cadre juridique approprié et une large sensibilisation des acteurs concernés par le secteur. Faute de quoi, nous allons continuer à assister à des conflits liés à la terre, des conflits parfois aux conséquences incalculables, pouvant aboutir à des pertes en vie humaines, comme ce que l’on constate dans certaines régions du pays… ». Cette rencontre est une occasion aussi de partager les expériences vécues par les acteurs sur le terrain, dans le cadre de la gestion des terres, des pêches et des ressources en eau, dans un contexte de changement climatique et des différents conflits liés à leurs gestions. Toujours selon M.BEAVOGUI, son département a élaboré des actions comme la tenue des états généraux sur le foncier et les enjeux fonciers, le diagnostic du foncier rural en République de Guinée, ceci avec l’appui des partenaires techniques et financiers du pays.
Ces actions, devraient permettre à une meilleure gestion des ressources naturelles dont le foncier dans notre pays, dira l’intervenant, avant de signifier que son département sera toujours disponible à poursuivre l’accompagnement des acteurs dans cette perspective.
La présentation des initiatives en cours dans la mise en œuvre de la plate forme multi-acteurs en ce qui concerne « la loi d’orientation agricole, les activités de communication sur le foncier, les directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forets ».
Pour mettre en œuvre toutes ces initiatives justement, un plan d’action avec l’identification des actions prioritaires a été élaboré et amendé pour la circonstance.
Les travaux se sont achevés sur une note d’espoir et d’engagement, le tout, dans la perspective d’une gestion responsable et durable du foncier en Guinée, pour le bénéfice des populations rurales surtout, qui souffrent justement des problèmes liés au foncier.
Idiatou CAMARA