Le traitement de l’information environnementale par les médias africains laisse souvent à désirer selon maints observateurs. Raisons évoquées, le manque de formation et de spécialisation sur les questions environnementales en général et climatiques en particulier et la faiblesse des appuis logistique et financier de ceux qui choisissent de s’engager dans l’aventure de l’information environnementale, dans un contexte pas toujours facile.
Pour en parler, nous avons rencontré à la COP 25 de Madrid sur le climat, Dr Arona SOUMARE, expert consultant sur les questions de « changement climatique et croissance verte » à la Banque Africaine de Développement. Ensemble nous avons parlé du « narratif » des médias africains de l’information environnementale et climatique, des faiblesses, mais aussi des défis et enjeux, ainsi que de l’accompagnement de la Banque Africaine de Développement dans cette perspective.
Dr Arona SOUMARE bonjour, merci de nous accorder cette interview. Vous avez échangé avec des journalistes de pays africains et internationaux à la COP 25, dites-nous de quoi il a été question avec ces hommes de média ?
Merci pour cette opportunité également. Alors comme vous l’avez dit nous avons échangé avec des journalistes africains sur le traitement de l’information environnementale et climatique. Le constat est que souvent, et très souvent d’ailleurs, le narratif sur l’Afrique en général est négatif. Les journalistes du continent ne traitent pas toujours de manière professionnelle et véridique les informations relatives au continent. Nous avons jugé utile de parler avec eux, d’échanger sur ce qui se passe sur le continent. Qu’il s’agisse des sujets technologiques, de climat, d’environnement le manque à gagner est significatif dans les médias. Il se passe des choses sur le continent qui méritent d’être connues et valorisées. Il nous appartient de montrer les bonnes pratiques tant par les gouvernements que par les communautés.
Justement vous avez dit je cite que « les journalistes africains ne doivent pas emboucher la même trompette que les occidentaux » parlant de l’actualité africaine. A quoi faisiez-vous allusion en tenant de tels propos ?
Comme je l’ai dit, nos journalistes se plaisent à jouer aux marionnettes de l’occident, en montrant ce que ces derniers veulent, ce qui n’est pas toujours la réalité africaine. Tout n’est pas risque, calamités, catastrophes, maladies, il y’a bien d’autres choses sur le continent à montrer à la face du monde.
Je pense que c’est un fait regrettable et qu’il faille mettre en œuvre des stratégies pour que l’Afrique elle-même créée, son histoire en ce qui concerne le réchauffement climatique. Les journalistes doivent connaitre les enjeux climatiques, définir le bon narratif, décrire les réalités, les stratégies propres à l’Afrique, et qui font du chemin.
Alors pour cela que faut-il faire pour que la donne change effectivement ?
Il faut continuer à renforcer les capacités des journalistes africains, nous le faisons déjà, mais il faut continuer. Nous devons surtout donner de l’espoir aux jeunes, aux femmes sur le présent et l’avenir de l’Afrique. Bien sur qu’il y’a des défis, de grands enjeux de développement, mais il faut au-delà de l’émotion, montrer que l’Afrique apporte quelque chose, qu’elle ne demande toujours, comme on peut le faire croire. Maitriser les transferts de technologies, les négociations, les stratégies d’adaptation, d’atténuation, les mécanismes de financements, la transition énergétique, qui consiste à permettre au continent de comprendre et d’atteindre ces phases de changement importants.
Particulièrement à votre niveau que fait la BAD pour la formation des journalistes sur les questions environnementales et climatiques ?
Nous faisons beaucoup déjà comme je le disais. Nous apportons notre appui sur plusieurs les questions d’adaptations, d’atténuations par exemple afin que les journalistes maitrisent ces questions pour mieux informer les populations. Nous organisons des formations pour que ces journalistes comprennent de quoi il s’agit, qu’ils aient une maitrise des sujets, afin d’agir, car si on doit informer, il faut bien qu’on soit au courant des choses, c’est aussi élémentaire que cela. Nous œuvrons également afin que les journalistes comprennent le débat d’opinion, les secrets des salles de négociations, bref, tout ce qui peut permettre de ramener les débats techniques à un niveau de compréhension pour les communautés locales africaines surtout, qui subissent les effets du réchauffement climatique mais qui sont aussi les auteurs de la dégradation de l’environnement.
A la COP 25 sur le climat, vous avec échangé avec le Ministre de l’Environnement des Eaux et Forêts, de quoi a-t-il été question et quelles sont les nouvelles pour la Guinée ?
Vous savez la Guinée est un pays prioritaire pour la BAD, en témoigne l’ouverture récente d’un bureau de l’institution à Conakry. Nous avons donc rencontré Monsieur Oye GUILAOGUI le Ministre en charge de l’Environnement, avec qui nous avons parlé de plusieurs sujets. Pour être précis, nous avons parlé du processus d’actualisation de la CDN, la contribution déterminée nationale une stratégie de lutte contre le réchauffement climatique, à travers l’adaptation et l’atténuation. En ce qui concerne l’Agriculture, la zone marine et côtière, qui est une priorité pour la Guinée, la zone forestière également qui a besoin d’être soutenue.
Entretien réalisé par Idiatou CAMARA