Elles sont nombreuses les structures qui défendent la cause des femmes à travers le pays. C’est le cas de la Coalition des Femmes et Filles de Guinée (COFFIG) qui à ce jour a aidé près de 800.000 femmes à être autonomes. S’agissant de leur accès aux postes de prise de décision le combat continu mais il leur faut plus d’audace estime Docteur Makalé Traoré au micro de laguineenne.info en prélude de la journée internationale de la femme célébrée le 8 Mars de chaque année. Entretien à bâtons rompus

Bonjour Docteur Makalé, Dites-nous depuis quand votre structure existe  et quelles sont ces missions ? 

Je suis à la tête de deux organisations. La première est le réseau des femmes ministres parlementaires de Guinée qui existe depuis 1997. C’est un réseau régional que je dirige depuis 2010, et je suis à mon deuxième mandat et la COFFIG dont je suis la Pésidente depuis sa création en 2012.

Qu’es ce que la COFFIG est en train de faire pour les femmes de Guinée justement ? 

La COFFIG œuvre pour la promotion et le respect des droits des filles et femmes. Nos  objectifs sont notamment de, contribuer à un  dialogue constructif entre acteurs  politiques dans le but d’apaiser le pays. Cet objectif s’accorde avec notre ambition de préserver la paix. Ensuite il y’a la participation des femmes au processus démocratique à travers leur accès aux postes de prise de décision et l’autonomisation des femmes. Au tour de ces trois objectifs, il y’a la lutte contre les violences et toutes formes de discriminations faites aux femmes et autres problèmes auxquels nous faisons face en fonction de nos moyens.

Si on vous demandait quelle est la place qu’occupe les femmes dans les instances de prise de décision ?

Je  dirais que compte tenu de ce qu’elles représentent dans notre pays, à savoir plus de la moitié de la population, elles n’occupent pas encore la place qu’elles méritent. Nous avons beaucoup de femmes compétentes, engagées, mobilisées, qui se battent pour le pays dans tous les domaines politiques, économiques, sociales, mais malheureusement elles n’ont pas accès aux postes de décision comme elles le méritent.

Je pense également qu’il est fondamental pour celles qui sont promues à ces postes d’œuvrer en faveur de celles qui sont à la base. Mais il y’a des progrès à saluer. Toutefois, l’évolution et le changement sont inhérents à la vie humaine c’est pour cela nous gardons espoir.

A votre avis qu’est-ce qui manque aux femmes pour atteindre leurs objectifs en général ?

Je pense qu’elles manquent d’audace, il faut que les femmes sachent que ça ne se fera pas sans elles. En plus, elles ne doivent pas avoir peur des difficultés. Qu’elles s’engagent avec rigueur et surtout en ayant confiance en elles-mêmes.  Lorsque vous êtes dans un parti politique et que vous pensez que devez accéder à un poste de décision, ce n’est pas celui qui est à votre place qui va vous défendre. C’est vous même qui devez avoir le courage de vos opinions,  C’est à force de réclamer que les femmes ont le peu qu’elles ont aujourd’hui. Rappelez-vous la Guinée a une très belle histoire parce que depuis le premier régime, les femmes ont occupé tous les postes et de très haut niveau. Mais cela a changé avec l’arrivée des militaires et le multipartisme même si elles s’organisent et se décomplexent de plus en plus.

Sur le plan politique ne pensez-vous pas que les femmes ont beaucoup à faire ? 

Nous avons  beaucoup travaillé en impliquant des femmes à la base. Les gens pensent que les postes de prise de décision sont les postes de ministres, directrices, non. Quand vous êtes chef de quartier, chef secteur, administratrice de marché, vous avez de la décision, donc on essaie d’expliquer aux femmes que là où elles sont il faut qu’elles participent à la vie de la nation. Lorsque que vous regardez les résultats de ces élections communales, nous nous sommes battus pour qu’il y ait des femmes conseillères et nous en avons pas mal.

A quoi peut-on s’attendre de la COFFIG à l’occasion de la fête du 8 Mars ? 

Pour moi c’est une occasion pour faire le bilan, voir ce qu’on a fait durant l’année écoulée surtout que ces dernières années le thème parle d’autonomisation de la femme. Je pense que la liberté commence par l’autonomisation, la possibilité de se suffire, de satisfaire ses besoins primaires. Si vous n’avez pas

cette possibilité, celui qui vous la donne vous êtes obligé de faire ce qu’il vous demande. Depuis 2012, nous avons mis l’accent sur l’autonomisation en nous impliquant personnellement et en impliquant les femmes qui sont autour de nous à travers des projets que nous montons avec Ecobank qui nous finance. Ce fonds d’appui à la valorisation du travail  des femmes a permis,  d’autonomiser près de 800 mille femmes sur l’ensemble du territoire. Au-delà de ce projet, de toutes les campagnes de formation que nous organisons, les combats que nous menons contre toutes sortes de violences faites aux femmes. Nous avons réalisé une étude où vous avez sur  trois mois, 552 viols de fillettes et de bébés parfois à Conakry, kassa et au km 36. Nous allons restituer ces résultats pendant le mois de mars pour que les élus locaux voient ce qui se passe dans leurs communes dans l’espoir d’obtenir leur engagement. Je demande également aux femmes qui ont fait de bonnes études, qui ont les moyens, de regarder dernière elles afin d’aider celles qui sont encore dans le besoin, et elles sont encore très nombreuses.

Maimouna BANGOURA