COP 28 sur le climat : « le fleuve Sénégal est menacé par les effets néfastes des changements climatiques…» Soufiane DABO Coordinateur National de l’OMVS en Guinée 

La COP28 sur le climat se poursuit à Dubaï avec les négociations sur le niveau d’avancement de la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Des rencontres d’échanges et de partages, ainsi que la recherche de financements pour les projets de lutte contre les changements climatiques se tiennent sur le site de la COP 28. Parmi justement les institutions présentes, il y’a l’OMVS l’organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal. Avec  notre invité, en l’occurrence le Coordinateur National de l’OMVS M. Soufiane DABO, il a été question de la présence de ‘l’institution hydrique sous régionale, l’organisation par les Emirats Arabes Unis de la COP et des engagements diverses.

M. Soufiane DABO quel est le but de la présence de l’OMVS ici à la COP ?

Merci Madame pour cette opportunité, l’OMVS est une organisation qui a pour missions principales, la sauvegarde des ressources hydriques du bassin du fleuve Sénégal, qui prend sa source dans notre pays en Guinée, dans la préfecture de Mamou. Aussi la protection de l’environnement et le développement économique des quatre (4) pays membres, à savoir le Mali, la Mauritanie, le Sénégal et la République de Guinée. Le constat aujourd’hui, malheureusement est que les têtes de sources en Guinée sont menacées, le niveau d’eau baisse régulièrement et les effets des changements climatiques sont visibles. Face à cette situation, nous avons besoin de plus d’actions, de moyens pour lutter contre ce phénomène qui n’épargne aucun pays. Ceci étant, je tiens à préciser, nous, les pays en développement ne polluons pas suffisamment, mais nous subissons les effets du phénomène. Il est donc normal, que les grandes puissances, les bailleurs de fonds qui sont là, soient sensibilisés et nous accompagnent pour faire face à la lutte sur le contient, et dans l’espace OMVS. Voilà les raisons de notre présence à cette COP, comme à toutes les précédentes d’ailleurs.

Les Emirats Arabes unis organisent la COP, c’est un pays producteur de pétrole source de pollution, comment comprenez-vous l’organisation d’un tel événement ici ?

On ne doit pas voir sur cet angle, à mon avis, mais il ne faut pas perdre de vue que la transition énergétique, ne se fera pas en un jour, ou avec un coup de baguette magique. Il suffit de circuler dans la ville de Dubaï, c’est un pays producteur de pétrole certes, mais il fait des efforts, et ce n’est pas un pays très pollueur contrairement à d’autres grandes puissances comme la chine et les Etats Unis. Si vous circuler dans la ville de Dubaï, vous verrez des véhicules électriques, cela veut dire qu’il y’a une prise de conscience certes lente, mais qui existe et qu’il faut saluer. Les changements climatiques touchent tous les pays de la planète, c’est donc une bonne chose que tout le monde soit associé à la lutte. C’’est également un symbole pour montrer que chacun à sa place dans la lutte et qu’il ne faut laisser personne de côté. La question fondamentale, elle, demeure celle du financement. Nous pays en développement, notre plaidoyer doit se situer dans ce sens, pour dire nous ne polluons pas beaucoup mais nous subissons les effets du réchauffement climatique, donc nous devons tous mener la lutte, ensemble, sans exclusion.

Au compte des actions de l’OMVS en Guinée, dans le cadre de la lutte c contre les effets des changements climatiques, justement, nous avons la mise en place de l’observatoire du massif du fouta djallon. Tous les fleuves sont aujourd’hui menacés. Il faut changer cette donne, pour que l’eau ne soit plus une menace mais une ressource disponible et utile pour tout le monde et pour tous les usages.

En venant ici à la COP qui est un lieu privilégié pour présenter les projets et programmes de lutte contre le réchauffement climatique, qu’est-ce que l’OMVS a apporté ?

Nous avons présenté aux partenaires que nous avons rencontrés des projets de projection de l’environnement, des ressources en eau notamment en ce qui concerne la construction des barrages hydro électriques. Sinon nos pays vont continuer à recourir à des énergies de sources thermiques et fossiles, destructrices de la nature. Donc nous devrions être là pour présenter nos projets et programmes. Nous avons le soutien de plusieurs partenaires techniques et financiers comme la banque mondiale qui nous apporte beaucoup d’aide dans le cadre de la mise en œuvre de nos projets liés à l’agriculture, l’hydraulique villageoise. Il y’a également le projet de navigation sur le fleuve de Saint Louis du Sénégal en Mauritanie sur une distance de 905 kilomètres, qui relève du passé depuis la sécheresse de 1960. Pour cela redevienne une réalité, il nous faut des financements importants.

M. le Coordinateur National de l’OMVS si on vous demandait de faire le bilan de cette première semaine de la COP ?

Vous savez la COP, c’est un lieu où se tiennent les négociations, mais aussi des rencontres de partages et d’échanges sur des sujets et thématiques aussi importants, en rapport avec la protection de l’environnement, des ressources en eau mais aussi et surtout des changements climatiques. C’est une belle symbiose qui doit nous fédérer, avec nos efforts, ensemble pour une lutte plus coordonnée. C’est la somme d’acteurs, des politiques, des scientifiques, mais aussi des représentants de la société civile et des médias. Tout cet ensemble, qui défend les sans voix, je pense aux minorités, aux peuples autochtones du pacifique par exemple. Nous avons eu pour le compte de l’OMVS, plusieurs panels sur l’énergie dans un contexte des changements climatiques, l’hydroélectricité au sein de l’espace OMVS. J’espère que nous allons nous donner les mains, les quatre (4) pays, à savoir, le Mali, le Sénégal, la Mauritanie et la République de Guinée. J’ai la ferme conviction que si nous nous soutenons mutuellement, nous pourrions faire de grandes choses, en faveur des millions de personnes qui dépendent de ce géant hydrique, aujourd’hui menacé par les actions anthropiques.

 La participation de la République de Guinée a été positive à travers la présence de plusieurs Chefs de Départements sectoriels notamment de l’environnement Hadja Safiatou DIALLO et celui en charge de l’énergie M. Aly Seydouba SOUMAH. Ce qui témoigne de l’intérêt, qu’accorde notre pays à ces questions et sa position stratégique, en ce qui concerne la protection de l’environnement en général, et la lutte contre les changements climatiques, dans la sous-région ouest-africaine.

Entretien réalisé à Dubaï par Idiatou CAMARA 

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