La République de Guinée participe actuellement à la conférence des parties sur le changement climatique la COP 25 à Madrid en Espagne, avec une trentaine d’acteurs étatiques, mais également de la société civile et des médias. Objectifs, créer des opportunités de collaboration et présenter les projets et initiatives du pays aux potentiels partenaires techniques et financiers présents à cette importante rencontre mondiale dédiée au climat.
Justement pour en parler, nous avons eu un entretien à bâtons rompus ici à Madrid, avec le Responsable du Programme Environnement et Gestion du Capital Naturel du PNUD GUINEE M. Mamadou Ciré CAMARA. Avec lui, il a également été question des domaines d’intervention du programme, de l’appui à la société civile et aux médias, et aux perspectives 2020, qui s’annoncent à l’écouter, sous de bonnes auspices.
Bonjour M. CAMARA dites-nous quelles sont les domaines d’intervention de votre programme ?
Merci pour cette opportunité. Pour vous répondre, je dirai que la mission du PNUD en rappel, est d’aider les pays à honorer leurs engagements au titre des accords multilatéraux relatifs à l’environnement et à intégrer les préoccupations environnementales dans les plans et stratégies nationaux. C’est ainsi que la plupart des documents de politiques et stratégies de la Guinée en matière d’environnement ont été réalisés avec l’appui du PNUD.
Il s’agit entre autres, de la Politique Nationale de l’Environnement, duPlan National d’Investissement en matière d’Environnement, de lastratégie nationale sur la conservation de la biodiversité, du Plan d’action national de lutte contre la désertification, du Plan d’action national d’adaptation au changement climatique (PANA, 2007) de la stratégie Nationale Energie durable pour tous à l’horizon 2030. Le PNUD a aussi aidé à réaliser la stratégie nationale sur le tourisme durable, la stratégie nationale sur le changement climatique, la stratégie nationale sur le développement durable et la révision du code de l’environnement, et récemment le processus d’actualisation de la CDN(la contribution nationale déterminée).
Sur le plan opérationnel, le PNUD aide à concevoir et à mettre œuvre en Guinée des projets d’adaptation et d’atténuation au changement climatique dans les zones vulnérables. Selon la communication nationale initiale sur le climat, la zone côtière est la plus vulnérable au changement climatique dû au risque lié à l’élévation du niveau de la mer. Raison pour laquelle, le premier projet d’adaptation de la Guinée a été réalisée dans cette zone.
La seconde zone est le nord du pays, proche du sahel qui a bénéficié du deuxième projet d’adaptation Il s’agit des préfectures de Koundara, Mali et Gaoual avec le projet REMEC qui vient de s’achever.
Le troisième projet d’adaptation est exécuté sur la région de la Haute Guinée. Vous le savez, il y’a assez de difficultés dans ces zones, à cause de l’exploitation artisanale de l’or notamment. Un nouveau projet d’adaptation est en développement en région forestière pour permettre aux communautés de s’adapter au phénomène climatique.
Justement parlant des mesures d’adaptation et d’atténuation, il y’a le bio gaz, qui est une énergie propre, renouvelable et durable ?
Oui en effet, le projet de développement d’un marché deBIOGAZ en Guinée est en cours de réalisation depuis quelques temps. L’utilisation des ressources du BIOGAZ permet à cout sûre de promouvoir une économie circulaire. Il met en synergie les secteurs de l’élevage, de l’agriculture et de l’environnement. Je précise que sur l’ensemble du territoire guinéen, plus 1 200 Bio-digesteurs de type familial sont produits dans 28 préfectures sur les 33 que compte le pays.
Dans le cadre de la recherche, nous avons soutenu des masters au sein de l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry. Nous intervenons aussi dans le cadre du renforcement de capacités des acteurs, notamment en direction de la société civile et des médias.
Nous sommes ici à Madrid à la COP 25 sur le climat, quelles sont les raisons de la participation de l’institution onusienne que vous êtes ?
Le PNUD est présent ici, je dirai que c’est une suite logique par rapport à tout ce que nous faisons au plan national déjà. Nous venons ici pour soutenir le pipeline des projets environnementaux du pays avec les partenaires présents ici à la COP. Nous soutenons également la participation des négociateurs, vous savez c’est important que les voix du pays comptent dans ces négociations qui ne sont pas toujours faciles. Notre présence ici c’est également pour permettre aux principaux acteurs de la société civile, de faire du porte à porte, pour discuter avec tous les acteurs, en vue de soutenir ce que la République de Guinée présentera comme projets et idées à cette conférence des parties.
Le PNUD a aussi soutenu la participation de plusieurs acteurs étatiques, mais aussi de la société civile et des médias, dont Radio Environnement Guinée. Nous sommes également en train d’explorer comment est-ce que la délégation guinéenne à sa tête le Ministre d’Etat, Ministre de l’Environnement, pourrait rencontrer des institutions techniques et financières, et je dois vous dire que tout s’annonce bien dans ce sens.
Avant qu’on ne se quitte dites-nous, quelles sont les perspectives pour 2020 pour la Guinée en 2020 ?
L’année 2020 sera très certainement l’année de la récolte des efforts consentis par la République de Guinée et le PNUD. Il a un projet de gestion intégrée des ressources dans le paysage Bafing-Falémé qui doit démarrer. Ce projet met en synergie les trois grandes conventions de Rio, la Biodiversité, le changement climatique et la gestion durable des terres.Cette zone de Bafing-Falémé renferme des défis importants de l’environnement. Du point de vu Biodiversité, le site abrite la plus grande population de Chimpanzé en Guinée. Il y’a également le barrage de Koukoutamba qui sera construite dans la zone. A cela, s’ajoute la présence des miniers. C’est pour cette raison que le PNUD et commissionNéerlandaise d’Evaluation Environnementale appuierons le MEEF à y réaliser une évaluation environnementale stratégique dans la zone. 2020 connaitra aussi le développement d’un projet d’envergure dans la zone côtière et en Guinée forestière. En plus, lors de la conférence des nations unies sur le Climat tenue à New York en septembre dernier, l’administrateur du PNUD s’est engagé à accompagner 100 pays à revoir leurs engagements de réduction des gaz à effet serre d’ici 2020, à travers l’actualisation des CDN.
La bonne nouvelle est que la Guinée a été sélectionnée pour bénéficier cet appui.
Par rapport à la société civile et aux médias, que prévoit le PNUD en 2020 ?
Des sessions de renforcement de capacités, des appuis à la presse sont prévus. En ce qui concerne la presse, la preuve, nous avons soutenu votre participation pour être à la COP 25. Nous sommes également en discussions avec le Ministère de la Communication dans cette perspective. Je dois d’ailleurs rappeler que le PNUD a rénové le centre de formation du département, pour servir à la formation des journalistes qui constituent des relais importants des messages que nous souhaitons véhiculer.
Nous allons poursuivre notre accompagnement en direction des médias guinéens à se spécialiser sur les questions environnementales, c’est très important que les médias soient sensibilisés à la cause environnementale, qu’ils aient les ressources nécessaires pour cela. Ce qui suppose aussi, qu’il faut que les journalistes se rendent sur le terrain à l’intérieur du pays pour mieux s’enquérir des réalités du pays, en vue de les relayer auprès des populations, puisque vous le savez sans doute, les problèmes environnementaux sont plus pressants et préoccupants dans l’arrière pays.
Un entretien réalisé à Madrid par Idiatou CAMARA