Espèces marines végétales, les Herbiers marins sont une richesse marine dont la Guinée pourrait disposer d’une grande quantité. Sa découverte et son utilisation rationnelle pourrait d’ailleurs permettre à la Guinée d’accroître son économie, surtout celle bleue. Entretien sur le sujet avec Elhadj Saliou Diallo, coordinateur de programmes de Guinée Ecologie et consultant.
Qu’est ce qu’un herbier marin?
C’est l’une des trois cibles que nous avons inscrite dans le projet PRISE que nous exécutons ici en Guinée, et qui concerne justement la zone côtière et malienne, à côté de la tortue marine et de la mangrove.
Les Herbiers marins comme sont une espèce végétale qui se développe sous l’eau salée et qui constitue une source importante de nourriture pour beaucoup d’espèces biologiques marines. Cela pousse dans certaines zones et ces zones là sont considérés comme des zones de prédilection, d’occupation par les herbiers marins qui peuvent être cartographiés. Ce qui n’est pas le cas pour le moment pour la Guinée. Il y’a un projet qui a démarré mais qui n’a pas achevé encore ses objectifs mais qui devrait nous permettre d’identifier les zones d’herbiers marins le long de la côte atlantique de la Guinée.
Avez vous une idée approximative du nombre d’herbiers marins dont nous disposons ?
C’est ce que le projet doit nous permettre de savoir parce que ce qui est certain, même les pêcheurs artisanaux connaissent les herbiers marins d’une certaine manière. Parfois, ils cueillent dans leurs filets beaucoup d’espèces végétales sous marines et ce sont des éléments de ces herbiers marins. Maintenant, nous ce que nous avons à faire, c’est de savoir où cela se trouve et le protéger parce que les herbiers marins sont des sources nourricières pour beaucoup d’espèces de la biodiversité marine et si on ne les protège pas, qu’elles font l’objet de pollution, elles vont être touchées et détruites. C’est pourquoi il y’a un projet qui est entrain d’essayer de savoir où ces herbiers marins se trouvent exactement. On sait qu’ils existent parce qu’on a un plateau continental important donc très certainement, on a beaucoup de zones couvertes d’herbiers marins. Mais pour le moment, on est pas très avancé sur le sujet. Moi même je ne peux pas vous dire où se trouve ces herbiers marins tant que la cartographie n’a pas été réalisée.
Qu’es est le rapport avec l’économie bleue?
L’économie bleue est une terminologie qui est relativement nouvelle dans le langage du développement. C’est toute économie liée à la mer et aux autres sources humides, c’est à dire les cours d’eaux, les mares, tout ce qu’il y’a d’aquatique peut être considérée comme faisant partie de l’économie bleue. Et celle-ci est particulièrement intéressée à savoir qu’est ce qu’il y’a dans nos fonds marins comme richesse potentielle notamment des richesses de la biodiversité, surtout dans notre fonds marins, de manière à ce qu’on puisse dans le développement économique considérer la préservation et l’exploitation judicieuse de ces richesses marines. C’est à dire non seulement les poissons et les crustacés mais aussi tout ce que la mer et les cours d’eaux peuvent créer comme opportunité de développement jusqu’y compris la construction de facilités éco-touristiques liées à la mer avec tout ce qu’on peut offrir comme loisirs liées à la mer. Vous avez aussi tout le côté relatif à la valorisation par l’exploitation judicieuse des ressources marines que sont justement les ressources de la biodiversité.
Comment avec la découverte d’herbiers marins la Guinée pourrait accroître son économie surtout celle bleue ?
Si on arrive réellement à les cartographier et à les protéger, on aura plus de chances de voir la biodiversité marine conservée et celle-ci conservée, elle permettra une meilleure reproduction des espèces de la biodiversité marine. Comme je vous l’ai dit, c’est des sources d’alimentation de beaucoup d’espèces marines et si on les a, ça permet finalement d’assurer une meilleure production de la pêche, une meilleure production de la biodiversité marine. C’est dans ce sens que les herbiers marins sont importants.
Comment utiliser ces herbiers de façon rationnelle ?
Une fois qu’on les a découvert il s’agit de les protéger. C’est des habitats naturels. Il ne s’agit pas de les exploiter, mais de les protéger pour que les habitats naturels en question permettent justement d’améliorer la reproduction des espèces marines. C’est ça l’intérêt de herbiers marins. Les protéger par exemple contre les risques de pollution, voir si les herbiers marins sont déjà victimes de la pollution par les plastiques et pouvoir lutter contre cela parce que justement, les plastiques peuvent systématiquement entraîner la disparition de certains jerbiers marins et il y’a la pollution aussi par les hydrocarbures. On sait jamais quand ça peut arriver et malheureusement si ça arrive, on est dans une zone qui n’est pas protégée ou même qui est protégée mais qui va être victime de cette pollution marine, on pourra savoir que cette eau va perdre sa productivité et sa capacité d’habitat naturel pour la biodiversité.
Est ce que parmis nos textes, il y’a des lois qui pensent à protéger ces habitats naturels ?
Le code de l’environnement nouveau effectivement considère la biodiversité marine comme étant une biodiversité extrêmement importante. Il y’a une réglementation normalement bien sûr qui doit être faite mais il n’y a pas une réglementation spécifique qui s’applique aux herbiers marins pour le moment.
Entretien réalisé par Elisabeth Zézé Guilavogui
