Le mois de mars est un mois dédié aux femmes en Guinée. Une occasion de mettre la lumière sur le quotidien de ces Guinéennes qui se battent au quotidien pour améliorer les conditions de vie des populations.

Aujourd’hui nous nous intéressons aux femmes des  forces de défense et de sécurité qui œuvrent pour la paix dans notre pays.  L’association guinéenne des épouses militaires et paramilitaires (AGEMIP) apporte sa contribution au maintien de la paix et à l’autonomisation des femmes.

L’association guinéenne des épouses militaires et paramilitaires (AGEMIP) est née à la suite de la prise de pouvoir par l’armée en 1984. Mise en place par les femmes des différents corps habillés du territoire national, cette association vise non seulement à promouvoir la paix à travers la sensibilisation de leurs époux, des enfants mais aussi créer des activités génératrices de revenus pour les femmes pour assurer leur autonomie.

Votre site laguinéenne.info a rencontré deux fondatrices de cette association en l’occurrence Hadja Tiranke Condé et Hadja Mariétou Condé, respectivement ex présidente et ex secrétaire à l’organisation de l’AGEMIP. Une rétrospective faite de hauts, de bas et d’optimisme pour une parfaite cohésion sociale dans le pays. 

Dites-nous comment est venue l’idée de création de l’AGEMIP et quel est son objectif?

Hadja  Tirenke: J’ai fait plus de dix ans comme mécanographe au crédit national (banque). Quand le général Lansana Conte a pris le pouvoir il a fermé la banque. C’est après ça qu’en tant qu’épouse d’un corps habillé que j’ai été choisie comme Présidente de l’Association des femmes gendarmes. Chaque corps avait son leader. La représente des femmes du camp Almamy Samory TOURE, et celle de N’Zerekore m’ont un jour contacté pour que nous mettons en place une seule association. Nous en avons parlé au Général Bailo Diallo à l’époque chef de l’armée de terre qui a approuvé notre idée. Cette association avait pour but de soutenir nos maris, les sensibiliser sur le maintien de la paix. Il visait aussi à autonomiser les femmes à travers des activités génératrices de revenus.

Quelles sont ces activités et comment étaient-elles financées ?

Hadja  Tirenke: le Président Conté nous a appuyé financièrement et matériellement (tracteurs) pour exploiter près de deux mille hectares de terre à Forécariah. Nous cultivions notamment le riz. Malheureusement lors de la première récolte nous n’avons ni vu ni su où était passé ce riz. Nous faisions aussi la teinture et la saponification. Les bénéfices issus de la vente sont mis dans la caisse pour les cas sociaux. Parfois on nous appelle pour nettoyer les camps. Tous les présidents qui se sont succédé nous ont soutenus.

Actuellement c’est une nouvelle structure qui est au sein de l’AGEMIP  dont vous êtes des conseillères, est ce que ce sont les mêmes activités qui continuent ?

Hadja Tirenke: oui présentement l’association est coordonnée par Aminata Magassouba l’épouse du Général Toto. Nous continuons toujours avec la teinture et la saponification. Le professeur Alpha Condé a promis de nous installer une MUFFA au camp Alpha Yaya DIALLO.

Quels conseils donnez-vous généralement aux nouvelles recrues au sein des forces de défense et de sécurité ?

Hadja Marietou : d’abord dans les casernes nous sensibilisons les femmes elles- mêmes pour leur dire que nous sommes indivisibles. Aux jeunes, nous les exhortons d’écouter leurs chefs, d’observer la discipline de leurs pères et de ne pas être trop ambitieux car nul ne peut enlever le destin de quelqu’un. Nous ne voulons plus pleurer.

Souvent l’on assiste à des remous sociaux dans le pays, interpellez-vous les différents protagonistes pour les sensibiliser ?

Hadja Marietou : Cest notre travail. Partout où l’on entend que ça ne va pas on va là-bas. Parfois on nous écoute. Nous disons aux jeunes de ne pas se laisser manipuler par les politiciens car quand y’a des problèmes se sont les femmes et eux qui vont le plus en pâtir. Il Y a quelques années nous avions même réuni au palais du peuple la première dame Hadja Djenné Condé et Halimatou Dalein Diallo l’épouse du chef de file de l’opposition pour les sensibiliser.

Quels sont les problèmes que vous rencontrez actuellement ? 

Hadja Tirenke: les sobis (uniformes) qu’on nous envoie sont insuffisants par rapport au nombre de femmes.

Hadja Marietou : lors de nos réunions l’on nous pose souvent certains problèmes d’ordre familial comme mésentente entre époux ou enfants, manque de fonds pour fin de commerce….mais nous résolvons ensembles ces préoccupations.

Le 8 mars sera célébrée la journée internationale des femmes quel message avez-vous à leur endroit ?

Hadja Tiranke: je souhaite qu’elles encadrent leurs enfants, leur inculquer les valeurs de paix. Je pense aussi que les femmes doivent rester soudées et s’engager ensemble pour la paix et le développement de notre pays.

                                                                                                                                                                       Hadjiratou BAH

 

 

 

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