À Kindia, producteurs, ONG et acteurs du développement se sont réunis autour d’un atelier consacré à la promotion des semences paysannes et à la transition agroécologique. Quatre (4) intervenants clés ont partagé leurs visions et leurs expériences pour un modèle agricole plus durable et respectueux de l’environnement.
Pour M. Mamadi Diaby, président du Collectif Ouest-Africain pour les Semences Paysannes (COASPE), la sensibilisation sur les semences locales est essentielle, mais elle reste freinée par un manque de moyens:<< FRESH, c’est un outil d’explications et de sensibilisation. À travers les écrits et les images, le message devient clair et plus facile à transmettre. Mais il faut multiplier les outils et les formations >>, explique-t-il.
À ce sujet, son organisation plaide pour un appui technique et financier afin d’étendre ces campagnes dans les universités et les zones rurales:<<Les difficultés que nous avons, ce sont surtout les moyens. Il faut louer les salles, mobiliser la sonorisation, assurer le transport. Ce sont des obstacles réels >>, souligne-t-il, tout en réaffirmant l’importance de renforcer la formation des acteurs et d’augmenter le nombre de kits de sensibilisation disponibles.
Productrice agricole à Mamou, Mme Barry Aminata Saada témoigne de son engagement pour l’autonomie semencière:<< Depuis 2012, je suis dans la production agricole. Au début, on utilisait les produits importés, mais on a compris qu’il fallait multiplier nos semences paysannes, celles héritées de nos parents.>> a-t-elle dit.
Sur sept (7) hectares, elle cultive notamment l’aubergine africaine, le piment, le gombo et la pomme de terre, dont elle conserve les semences pour les campagnes suivantes.
Formée à Kindia avec Terre Solidaire, elle affirme avoir sensibilisé près de 1 000 producteurs dans sa région:<< Avant, les gens coupaient les arbres sans se soucier du fleuve. Aujourd’hui, grâce à la restitution des formations, on replante et on protège notre environnement. Nous souhaitons être soutenus pour participer à la foire de Lomé. Ce serait une belle occasion d’échanger nos expériences avec d’autres producteurs africains. >> a-t-elle témoigné.
Pour Ibrahim Soumaoro, responsable du programme à ACORD Guinée, cet atelier a permis de créer un espace d’échanges entre les producteurs venus des quatre régions naturelles du pays:<< L’objectif était de partager les expériences sur les semences : comment elles sont trouvées, conservées et transformées. Nous avons aussi montré qu’il existe des alternatives aux produits chimiques. >> a-t-il noté.
Selon lui, la transition agroécologique passe par la promotion des engrais organiques et des biofertilisants, essentiels pour restaurer les sols et améliorer la productivité sans nuire à l’environnement:<< Il est important de montrer aux producteurs qu’ils peuvent booster leur agriculture autrement, avec des solutions naturelles et locales.>> a-t-il précisé.
Enfin, M. Macky Bah, Directeur pays d’ACORD Guinée, est revenu sur la portée nationale de cette initiative:<< Grâce au financement de CCFD Terre Solidaire, nous avons mis en place des champs écoles dans les quatre régions naturelles, à Dubréka, Kankan, Sérédou et Korira, où des centaines de femmes et de jeunes pratiquent l’agroécologie.>> a noté M.Bah
Il met en avant un produit phare : le Bokashi, un engrais organique fabriqué à base de matières naturelles:<< Le Bokashi est très prisé ailleurs, mais encore méconnu ici. Un sac se vend environ à 400 000 francs à Kankan. Nous plaidons pour qu’il soit reconnu officiellement par l’État et étudié par les centres de recherche la promotion des semences locales et des engrais naturels est une condition essentielle à la transition agroécologique.Nos ancêtres utilisaient déjà ces pratiques avant l’arrivée massive des produits chimiques. Il ne s’agit pas de tout abandonner d’un coup, mais de revenir progressivement à une agriculture saine et respectueuse du climat.>> a-t-il conclu.
De Mamou à Kindia, de Kankan à Sérédou, la Guinée semble engagée dans une nouvelle ère agricole. Grâce aux efforts conjoints des organisations paysannes, des ONG et des producteurs, les semences paysannes et les engrais organiques s’imposent peu à peu comme les piliers d’une agriculture durable, autonome et résiliente.
De kindia Joe zoum pour Radio Environnement Guinée.







